L'orthorexie, c’est quoi ? Quelles sont les causes et symptômes ? Comment la soulager ?
- nutriscribe.sterenn
- 23 janv. 2024
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 févr. 2024
L'orthorexie n’a pas été officiellement classée parmi les TCA (Troubles du Comportement Alimentaire) ni identifiée comme une pathologie. Pour autant, elle est considérée comme un véritable trouble obsessionnel de l’alimentation, par les psychothérapeutes.
I. Que signifie le terme “orthorexie” 🔎?
D’après le Larousse, l’orthorexie est un “trouble qui pousse une personne à s’attacher de manière obsessionnelle à la qualité des aliments qu’elle absorbe”. [1]
En d’autres termes, il s’agit d’une obsession pour respecter les règles nutritionnelles strictes. La personne cherche la perfection dans ses choix alimentaires et bannit tout aliment controversé. La qualité de l’aliment prime alors sur le plaisir de manger. L’objectif est de répondre à une envie excessive d’être en bonne santé et de correspondre aux standards du corps idéalisé par la société. [2]
Le diagnostic de l’orthorexie se fait à l’aide du test de Bratman. Ce Docteur a été le premier à décrire puis à nommer l’orthorexie, comme un trouble alimentaire à part entière. Ce test consiste à poser 10 questions fermées. Si la personne a répondu “Oui” à 4 d’entre elles, c’est que la qualité de son alimentation l’obsède. Dans ce cas, il est préférable de consulter un nutritionniste ainsi qu’un psychologue, afin de diminuer les symptômes liés à l’orthorexie. [2] [3]
II. Quels sont les symptômes liés à l’orthorexie 🫥?
Une personne orthorexique :
Contrôle tout ce qu’elle mange : régime alimentaire restrictif.
A lu beaucoup de livres sur la nutrition.
Connaît les valeurs nutritionnelles de chaque aliment.
Exclut tous les aliments controversés : notamment les aliments comme le sel, le sucre, les matières grasses, le lactose, les sources de gluten, etc.
Cherche une perfection diététique pour contribuer à une bonne santé, au détriment du plaisir de manger.
Son quotidien tourne autour de l’alimentation : réflexion autour de ses repas, toujours à la recherche de nouvelles règles à appliquer… Au détriment de sa vie sociale.
Se renferme sur elle-même : à force de refuser des repas en famille ou entre amis. La peur de devoir ingérer des aliments potentiellement nocifs pour le corps prend le dessus.
Le contrôle sur son alimentation est une manière de gérer son anxiété.
Dans le but d’atteindre une santé optimale, la personne se supplémente parfois en vitamines et minéraux.
Dans la recherche d’une santé de fer, la personne peut développer un côté hypocondriaque (crainte d’être atteint d’une maladie).
…
Les symptômes d’une personne orthorexique sont :
La perte des cheveux.
L’absence des menstruations (aménorrhée).
Les troubles de l’humeur.
Les troubles obsessionnels compulsifs.
Le contrôle démesuré entraîne du mal-être.
Si elle doit manger un aliment qu’elle considère comme malsain ou bien qu’elle ne peut mettre en place ses rituels diététiques : elle ressent ensuite de la culpabilité et de la frustration. Pour éviter de s’en vouloir, elle peut mettre en place un comportement restrictif se rapprochant de l’anorexie, ou bien faire de la bigorexie (dépendance excessive à l’activité sportive).
… [4]

III. Quelles sont les causes de l’orthorexie 👀?
Les causes de l’orthorexie peuvent être diverses et variées. Notons quelques pistes de réflexion :
Les magazines : avec des corps retouchés sur Photoshop.
Les réseaux sociaux : avec la mise en scène des corps (retouchés ou non). Il s’agit du magazine moderne.
Ces 2 canaux d'information renforcent la standardisation des canons de beauté. Une des causes de l’orthorexie peut être la recherche du corps idéal.
La disponibilité d’un nombre incalculable de conseils proposés dans les livres et sur Internet.
La mise en place d’un régime drastique : influencé par les médias qui communiquent beaucoup à ce sujet.
L’ambition de changer drastiquement de mode d’alimentation : supprimer le sucre, devenir végétarien, etc.
Une bigorexie peut entraîner une orthorexie : la bigorexie concerne la dépendance excessive à l’activité sportive.
Une crainte aiguë de développer une maladie cardiovasculaire, un diabète, un cancer, etc.
Une crainte d’être en surpoids et de voir son apparence changer.
… [5 ; 6]
Les personnes potentiellement à risques :
Les jeunes adolescentes.
Les étudiants en diététique et en sport.
Les professionnels de santé.
Les athlètes.
IV. Comment soulager l’orthorexie ♥️ ?
Une prise en charge pluridisciplinaire est primordiale dans le cas d’une orthorexie. Le psychologue ainsi que le nutritionniste auront un rôle important à jouer. Les objectifs vont notamment être de sortir progressivement le patient de son enfermement social, de lui réapprendre à sentir les signaux de son corps et de lui faire retrouver le plaisir de manger. [7]
A. Les TCC pour améliorer l’orthorexie
Il existe très peu d’études à l’heure actuelle sur l'orthorexie de manière générale. De cette manière, aucune étude ne s’est intéressée à l’intérêt des TCC (thérapies cognitivo-comportementales) sur l’orthorexie. Néanmoins, même si cela n’a pas été prouvé scientifiquement, il s’agit d’une prise en charge intéressante.
Les TCC en quelques mots :
Il s’agit de thérapies qui ont été validées scientifiquement et qui ont fait leur preuve dans l’amélioration de différentes pathologies psychiatriques (dépression, tocs, phobies, etc.).
La méthode se base sur le fait qu’un comportement inadapté peut être remplacé par l’apprentissage d’un nouveau comportement. Il s’agit donc de modifier les schémas de pensée.
Les TCC prennent en compte chaque patient dans leur intégralité et leur individualité. En d’autres termes, la prise en charge est personnalisée.
L’intérêt des TCC dans le cas de l’orthorexie :
Réapprendre les bases d’une alimentation équilibrée et lever les croyances qui concernent l’alimentation.
Trouver les causes à l’origine de l’obsession alimentaire afin d’y mettre un sens et de pouvoir le dépasser : identifier le cercle vicieux qui s’est installé.
Travailler sur : les angoisses, le besoin de contrôle omniprésent, la peur de la mort, l’estime de soi, les pressions sociales et culturelles, etc. [7]
B. L’ETP pour améliorer l’orthorexie
D’après l’HAS, “l’éducation thérapeutique du patient vise à aider les patients à gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique”. L’objectif est d’améliorer la qualité de vie du patient. [8]
Pour cela, 2 leviers sont utilisés :
L’acquisition et le maintien de compétences d’autosoins, par le patient.
L’acquisition de compétences d'adaptation par le patient. [9]
Différents outils peuvent être utilisés dans la mise en place d’un programme d’ETP.
Dans le cas de l’orthorexie, on s'intéresse à l'entretien motivationnel (EM).
La méthode est centrée sur le patient qui devient acteur de sa propre santé. Quant au professionnel de santé, il va guider le patient à s’interroger sur son comportement actuel et sur les bienfaits que pourrait provoquer un changement de comportement. Lors d’un entretien motivationnel, le patient est écouté avec empathie, il est valorisé. Le soignant, dans ses propos, n’ira pas dans une confrontation directe, il tiendra une posture de non-jugement et il proposera des solutions sans les imposer.
L’intérêt de l’entretien motivationnel dans le cas de l’orthorexie :
Faire prendre conscience de l’état actuel du quotidien de la personne et des risques qu’elle encourt à continuer dans cette voie.
Donner des axes de réflexion sur les enjeux qui en découlent.
Motiver la personne à activer un changement de comportement pour son propre bien-être, en insistant sur les bénéfices liés à cela. [10]
C. La méditation pour améliorer l’orthorexie
Pour atténuer l’anxiété, la méditation peut permettre aux patients de lâcher prise sur le plan intellectuel, pour se focaliser sur leurs sensations corporelles.
De plus, toujours dans cette démarche de vouloir recréer du lien avec son corps, le patient pourra également pratiquer la pleine conscience. [7]

À retenir :
L’orthorexie se définit par une obsession de s’alimenter avec des produits considérés comme sains pour garantir sa bonne santé.
La personne devient obnubilée par la question de la nourriture, qui devient son unique préoccupation, abandonnant tout plaisir de manger.
Elle entraîne un enfermement social, des troubles de l’humeur, un mal-être général…
L’orthorexie peut donc entraîner de lourdes conséquences physiques et mentales.
Une prise en charge pluridisciplinaire est primordiale pour traiter des différents aspects de cette pathologie.
Les TCC et l’EM semblent être des pistes intéressantes pour une prise en charge globale de l’orthorexie.
Mangez varié et équilibré tout en conservant le plaisir gustatif et le partage social... Dans la vie, tout est dans le juste équilibre ⚖️.
Bibliographie
[1] Larousse. « Définitions : orthorexie - Dictionnaire de français Larousse ». https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/orthorexie/186575.
[2] MASEF. « Orthorexie: test de Bratman ». https://www.masef.com/scores/orthorexietestbratman.htm.
[3] Atzeni, Elisabetta, Daniela Converso, et Barbara Loera. « [Orthorexia Nervosa between growing attention to food quality and eating disorders: diagnostic criteria and evaluation tools] ». Rivista Di Psichiatria 55, no 4 (2020): 201‑12. https://doi.org/10.1708/3417.33996.
[4] Horovitz, Omer, et Marios Argyrides. « Orthorexia and Orthorexia Nervosa: A Comprehensive Examination of Prevalence, Risk Factors, Diagnosis, and Treatment ». Nutrients 15, no 17 (3 septembre 2023): 3851. https://doi.org/10.3390/nu15173851.
[5] Stutts, Lauren A. « It’s Complicated: The Relationship between Orthorexia and Weight/Shape Concerns, Eating Behaviors, and Mood ». Eating Behaviors 39 (décembre 2020): 101444. https://doi.org/10.1016/j.eatbeh.2020.101444.
[6] Isabella Uma Barlow, Eunro Lee, Lauren Saling. « European Eating Disorders Review | Eating Disorders Journal | Wiley Online Library ». (5 septembre 2023). https://doi.org/10.1002/erv.3032.
[7] Aeschlimann Fanny, Osman Intisar. « Etat des connaissances de l’orthorexie - Quels sont les traitements proposés et le rôle du diététicien dans la prise en charge ? ». Haute école de santé - Genève (juillet 2019). TB_final_Orthorexie_FA_OI.pdf.
[8] Haute Autorité de Santé. « Éducation thérapeutique du patient (ETP) ». (19 juin 2004). https://www.has-sante.fr/jcms/c_1241714/fr/education-therapeutique-du-patient-etp.
[9] Haute Autorité de Santé « Éducation thérapeutique du patient | définition, finalités et organisation ». (juin 2007). https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/etp_-_definition_finalites_-_recommandations_juin_2007.pdf.
[10] Jean-Marc Cheylan. « Régulation de l’appétit et prise en charge des troubles alimentaires ». HAL (12 septembre 2017). https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01586195/document.