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Quel est l'enjeu de l'ETP dans les maladies métaboliques ?

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    nutriscribe.sterenn
  • 20 oct. 2023
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 déc. 2023

Jusqu’au début des années 1990 en France, la prévalence de l’obésité était relativement stable. Elle représentait environ 6% de la population et ce chiffre était inférieur aux autres pays européen. Or, les études ObEpi (2008) ont mis en évidence un rapide accroissement de la prévalence de l’obésité dès la fin des années 90. A l’heure actuelle, les maladies métaboliques associées aux maladies cardiovasculaires, se placent au rang de première cause de mortalité en France, comme dans tous les pays industrialisés. Une des raisons est que nous avons évolué vers un mode de vie plus sédentaire, avec une alimentation plus transformée. [1]


I. Les maladies métaboliques


A. Qu’est-ce que la maladie métabolique ?

Reconnu depuis les années 20, le syndrome métabolique correspond à la coexistence de différents troubles de santé d’origine lipidique, glucidique ou vasculaire associés à un excès de poids, chez un individu. [2]


B. Quels sont les différentes maladies métaboliques ?

Nous pouvons nommer cinq maladies métaboliques parmi les plus courants.

Le diabète de type 1 : Dit aussi diabète insulino-dépendant. Il est le résultat d’un dérèglement du système immunitaire qui va se défendre contre d’autres cellules du corps. Les anticorps vont alors attaquer les cellules pancréatiques, qui sont responsables de la production d’insuline. C’est alors que la glycémie, qui correspond au taux de sucre dans le sang, n’est plus régulée normalement par l’insuline.


Le diabète de type 2 : Cela concerne un dérèglement chronique du taux de sucre dans le sang. Il ne s’agit pas ici d’une anomalie du système immunitaire. Il advient lorsque le pancréas ne produit pas suffisamment d’insuline ou bien lorsque l’organisme n’est pas capable d’utiliser correctement l’insuline qu’il produit.


L’hypertension artérielle (HTA) : Elle est souvent silencieuse et correspond à une élévation des chiffres tensionnels (supérieur ou égal à 140 mmHg de systolique et 90 mmHg de diastolique). On parle d’hypertension artérielle lorsque ce phénomène se répète sur plusieurs mesures lors de la tension artérielle. L’HTA constitue alors un des principaux facteurs de risque de maladies cardio-vasculaires.


L’obésité : Il s’agit d’un des problèmes de santé publique très important dans le monde. Il est à l'origine d'un déséquilibre entre les apports alimentaires et les dépenses énergétiques. Une personne est considérée comme obèse si son Indice de Masse Corporelle (IMC) est égal ou supérieur à 30. L'obésité peut entraîner de nombreuses conséquences sur la santé. Elle peut notamment entrainer l'augmentation du risque de développer un diabète de type 2, de l'hypertension artérielle et de la dyslipidémie).


La dyslipidémie : Elle correspond à un taux anormal de lipides dans le sang. La dyslipidémie comprend aussi bien l’hypercholestérolémie, c’est-à-dire un taux sanguin de cholestérol trop élevé, que l’hypertriglycéridémie, qui correspond à un taux sanguin élevé des triglycérides. De plus, l’excès de cholestérol est connu pour favoriser les dépôts de lipides dans les artères (athérosclérose), ce qui peut provoquer de l’hypertension artérielle et favoriser les accidents vasculaires cérébraux. [3]


C. Quelle est la prise en charge des maladies métaboliques ?

Il n’existe à ce jour aucun traitement médicamenteux pour guérir de manière spécifique le syndrome métabolique. Pour autant, il est possible de traiter particulièrement l’excès de cholestérol, l’hypertension artérielle et le diabète de type 2 afin de réduire les risques de maladies cardiovasculaires.


Description des différentes maladies métaboliques et sa définition.

II. L’éducation thérapeutique du patient


A. Qu’est-ce que l’ETP ?

D’après le rapport de l’OMS-Europe publié en 1996, l’Education Thérapeuthique du Patient (ETP) “vise à aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique”.

L’ETP contribue à améliorer la santé et la qualité de vie du patient et de ses proches. Pour se faire, l’ETP prend en compte le patient dans sa singularité et dans sa globalité, en le mettant au cœur de sa prise en charge et en le considérant comme acteur de changements futurs. Cela se traduit par l’acquisition et/ou le maintien de compétences afin de mieux gérer sa vie au quotidien avec une maladie chronique. Une maladie chronique étant présente de manière permanente chez les individus concernés, elle fait partie intégrante de leur vie.


→ Concrètement, voici quelques exemples concernant l’acquisition/le maintien des compétences d’auto soins :

  • adapter des doses de médicaments et initier un auto traitement

  • réaliser des gestes techniques et des soins

  • mettre en œuvre des modifications de son mode de vie tels qu’un rééquilibrage alimentaire et la pratique d’activités physiques

  • impliquer son entourage dans la gestion de la maladie, des traitements et des répercussions qui en découlent


Ensuite, la 2ème dimension importante de l’ETP concerne l’acquisition et/ou le maintien de compétences d’adaptation, qui s’appuient sur les expériences antérieures du patient. Il s’agit ici de prendre en compte un ensemble plus large de compétences psychosociales telles que les compétences personnelles et interpersonnelles ainsi que cognitives et physiques. L’objectif étant de permettre aux individus de maîtriser et de diriger leurs exigences afin qu’ils acquièrent les capacités à vivre dans leurs environnement et qu’ils sachent le modifier.


→ Concrètement, voici quelques exemples concernant l’acquisition/le maintien de compétences d’adaptation :

  • se connaître soi-même et avoir confiance en soi

  • apprendre à gérer ses émotions et à maîtriser son stress

  • développer un raisonnement créatif ainsi qu’une réflexion critique

  • développer des compétences en matière de communication et de relations interpersonnelles

  • prendre des décisions et résoudre des problèmes

  • se fixer des buts à atteindre et faire des choix

  • s’observer, s’évaluer et se renforcer


C’est pourquoi tout programme d’ETP doit être personnalisé et doit prendre en compte ses deux dimensions de compétences d’auto soin ainsi que de compétences d’adaptation, afin d’analyser au mieux les besoins de l’individus, ses motivations et sa réceptivité à l’ETP, pour pouvoir ainsi lui proposer des contenus et des méthodes pédagogiques qui lui correspondent.


L’ETP doit être proposé au plus tôt. Elle peut être proposée au patient à un moment qui est proche à l’annonce du diagnostic de sa maladie chronique, ou bien à tout autre moment de l’évolution de celle-ci, dans le cas ou la proposition n’avait pas été faite auparavant ou bien si la personne l’avait déclinée. L’ETP est proposée à toute personne qui a une maladie chronique, quel que soit l’âge (enfant, adolescent, adulte) et quel que soit le stade ou l’évolution de la maladie. L’ETP peut également être proposée aux proches du patient si celui-ci souhaite les intégrer dans la gestion de sa maladie. [4]


B. Quel est le déroulé d’une prise en charge d’ETP ?

1- Elaborer le Bilan Éducatif Partagé (BEP)

2- Définir un programme personnalisé d’ETP avec des priorités d’apprentissages

3- Planifier et mettre en œuvre les séances d’ETP individuelles, collectives ou en alternance

4- Entretien final en vue de réaliser une évaluation individuelle des compétences acquises


L'éducation thérapeutique du patient permet donc d’apporter des connaissances au patient sur sa propre maladie chronique. Elle permet également de lui enseigner des pratiques d’auto soins pour qu’il devienne acteur de l’amélioration de sa qualité de vie et qu’il puisse vivre en adéquation avec sa maladie.


Définition de l'éducation thérapeutique du patient, de son programme et de ses objectifs.

III. L’enjeu de l’ETP pour les maladies métaboliques

Pour mener un programme d’ETP, le professionnel de santé formé à l’ETP prend en compte les besoins spécifiques de chaque individu afin de mettre en place un programme sur-mesure et personnalisé. Dans le cas de patients atteints de maladies métaboliques, il en va de même.

Plusieurs revues de la littérature ont évalué les bénéfices des programmes d’ETP sur des patients atteints de maladies chroniques.


A. Quelle est la place de l’ETP dans la prise en charge d’une personne atteinte de diabète de type 1 ?

L’ETP va permettre au patient d’améliorer la gestion de sa maladie au quotidien grâce :

  • à une bonne compréhension de sa maladie

  • à l’apprentissage de l’auto mesure de la glycémie

  • à l’adaptation au quotidien des doses d’insuline en fonction de l’alimentation et de l’activité physique

  • à la reconnaissance des symptômes d’hypoglycémie ou d’hyperglycémie en fonction du patient

  • à l’apprentissage de la vigilance vis-à-vis des lésions cutanées ainsi que les soins à réaliser

  • à la gestion d’épisodes de maladie aiguë

  • à la gestion de sa vie professionnelle et de ses activités sociales

  • de comprendre l’intérêt des examens de dépistage des complications (tels que des examens de pieds, des yeux et de tests des fonctions rénales)

  • [5 ; 6]


B. Quelle est la place de l’ETP dans la prise en charge d’une personne atteinte de diabète de type 2 ?

L’ETP va permettre au patient atteint d’un diabète de type 2 :

  • de comprendre sa maladie et les bénéfices que peuvent apporter des modifications du mode de vie

  • de comprendre la mise en place d’une alimentation variée et équilibrée ainsi que la pratique régulière d’une activité physique quotidienne

  • de reconnaître les dépendances tels que l’alcool et le tabagisme


De plus, dans le cas où le patient a un traitement à l’insuline, l’ETP va également permettre :

  • d’apprendre l’auto mesure de la glycémie

  • d’apprendre à adapter au jour le jour les doses d’insuline en lien avec l’alimentation et la pratique sportive

  • d’apprendre à reconnaître des symptômes d’hypoglycémie afin de les prévenir et de savoir les gérer

  • de comprendre l’intérêt des examens de dépistage des complications (tels que des examens de pieds, des yeux et de tests des fonctions rénales)

  • [5 ; 6]


Les résultats de la méta-analyse de la Cochrane collaboration (1991-2010), concluent que les programmes d’ETP amélioreraient l’engagement des personnes atteintes de diabètes de type 2, dans l’autogestion de leur maladie et de leur qualité de vie, avec une amélioration significative de l’hémoglobine glyquée après un stage d’ETP, même à distance de l’intervention. [7]



C. Quelle est la place de l’ETP dans la prise en charge d’une personne atteinte d’hypertension artérielle ?

L’ETP va permettre au patient atteint d’hypertension artérielle :

  • de comprendre sa maladie

  • de comprendre les bénéfices que peut apporter le contrôle de sa pression artérielle

  • d’apprendre l’automesure de la pression artérielle

  • de prendre connaissance des bénéfices d’un mode de vie plus sain avec la pratique d’une activité physique quotidienne et une alimentation variée et équilibrée qui correspond à sa pathologie (avec des apports normalisés de sodium et la réduction voire suppression de l’alcool et du tabac)

  • … [5 ; 6]



Ce qu’il faut retenir :

  • Maladie métabolique = coexistence de différents troubles de santé d’origine lipidique, glucidique ou vasculaire associés à un excès de poids, chez un individu.

  • Aucun traitement médicamenteux n'existe à ce jour pour guérir spécifiquement du syndrome métabolique.

  • Il est recommandé d’adopter un mode de vie sain : activité physique quotidienne et alimentation variée et équilibrée (adaptée aux symptômes).

  • L’ETP va permettre au patient : de mettre en place un mode de vie sain sur la durée, de prendre conscience de son état actuel, de comprendre sa maladie métabolique, d’être autonome sur la gestion de sa maladie et de ses traitements quotidiens, de gérer les activités sociales, etc.


L'éducation thérapeutique va permettre au patient d'améliorer son quotidien avec sa maladie chronique.

Bibliographie


[1] L, Bordier et al. « Obésité et syndrome métabolique : une épidémie pour le nouveau siècle – Académie nationale de médecine | Une institution dans son temps ». Bull. Acad. Natle Méd., 193, no 6 (2009) 1289-1301.

[2] S, Gamila et al. « Épidémiologie du syndrome métabolique en France », (2003).

[3] Universalis‎, Encyclopædia. « MALADIES MÉTABOLIQUES ». Encyclopædia Universalis. https://www.universalis.fr/encyclopedie/maladies-metaboliques/.

[4] Haute Autorité de Santé. « Éducation thérapeutique du patient Définition, finalités et organisation ». (Juin 2007).

[5] Haute Autorité de Santé. « ETP : Évaluation de l’efficacité et de l’efficience dans les maladies chroniques ». (Juin 2018).

[6] Haute Autorité de Santé. « Éducation thérapeutique dans la prise en charge des maladies chroniques Analyse économique et organisationnelle ». Vol 2, n° 6, (Février 2008).

[7] Maes AC. « Analyse croisée des besoins éducatifs des patients diabétiques de type 2 hospitalisés du point de vue des patients et des soignants : perspectives pour le développement d'une démarche éducative pendant le temps d'hospitalisation ». Thèse de doctorat : Pharmacie : Université Joseph Fourier Grenoble, (2013).


 
 
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